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Les promesses du big data ne seront pas tenues

Il est donc temps selon l’auteur de formuler une « critique de la raison automatique ». Il s’y emploie ici en montrant que les promesses du big data ne pourront être tenues. Et ceci pour au moins deux raisons : d’abord leur incapacité à identifier les cygnes noirs, c’est à dire les accidents, les imprévus, que par définition nous ne pouvons prédire. Ensuite du fait de leur définition appauvrie de l’intelligence, une capacité logico-mathématique qui décompte et qui classe, mais qui ne tient pas compte de nos facultés émotionnelles.

Au fond, l’analyse des données échoue toujours à nous révéler l’essentiel. Certes l’ordinateur a ceci de bon qu’il nous délivre de certaines nécessités de la vie quotidienne, mais jamais il ne pourra désirer à notre place. Je cite l’auteur : « un ordinateur peut reconnaître, mais il ne peut pas le trouver beau. Un ordinateur a de la mémoire, mais il ne peut avoir de souvenirs. Il peut produire des images, mais n’a pas d’imagination. Un ordinateur peut apprendre de ses erreurs, mais il ne peut pas les regretter, il peut comparer des idées mais il ne peut pas en avoir. »

L’urgence n’est pas de coder, mais de philosopher

Sous le flot de données mises en circulation se pose somme toute la question de leur interprétation, et du sens que nous leur donnons. Ces données ne pourront jamais remplacer notre jugement, sans quoi nous prendrions le risque, ainsi que le rappelle Brabandière, de prendre au sérieux la blague de Coluche « qui déconseillait aux gens malades d’aller à l’hôpital. Car la probabilité de mourir dans un lit d’hôpital est dix fois plus élevée que celle de mourir quand on est dans son lit à la maison. »

Face aux développements de l’intelligence artificielle, le conseil formulé à Homo Informatix n’est pas de se mettre d’urgence au codage mais de philosopher sans tarder. Car c’est moins le risque d’une intelligence artificielle capable d’ériger sa propre intentionnalité que nous devons craindre, que notre incapacité à reposer, dans nos écoles, nos entreprises et nos laboratoires, les questions fondamentales de l’horizon éthique que nous donnons à notre action, transformée par le perfectionnement des machines.